Jeudi soir, nous étions jeudi soir. Une chose est sûre, Alicia déteste les jeudi soirs ! On n’est pas encore en week-end, il n’y a rien à la télé, et plein d’autres petites choses lui font détester ces fameux jeudi soir. Cependant, ce soir là, Alicia décida de renverser cette tendance, après tout elle était en vacances, elle avait finit tous ses devoirs, enfin presque, sa sœur Elina était avec sa chère Mindy Balkworf, et ses parents pour changer, ne s’inquiéteraient pas de ce qu’elle allait faire.
Ses parents, là encore il y avait de quoi discuter, Alicia avait du mal à l’admettre mais l’indifférence que ses géniteurs portaient à son égard l’ennuyait. Pendant seulement un an elle avait pu être leur centre d’intérêt, cependant qui se souvient de sa première année de vie ici bas ? Personne ! Alicia avait tout fait pour attirer de nouveau leur attention, bonnes notes, intérêt pour les instruments que pratiquaient ses parents autrefois, et tant autres activités ou résultats dignes d’une petite fille modèle. Mais rien y fit, Eline rayonnait de par sa beauté (sa ressemblance à Mme Tatcher plutôt), ses résultats bons (alors que ceux d’Alicia sont excellents), et surtout ses manies à se comporter comme une petite bourgeoise hypocrite. Plusieurs fois la jeune blonde s’est demandé s’il fallait qu’elle change de personnalité pour être aimée et reconnue, s’il elle ne devait plus être elle-même mais l’ombre de sa sœur, l’ombre d’une famille aux airs parfaits ! Ses parents auraient donc honte d’elle ?! Elle ne le saurait sûrement jamais car elle ne leur parler quasiment jamais, ou ce n’était que des banalités ! Pourtant Alicia avait su se comporter comme si rien ne l’atteignait, comme si tout était normal, elle avait su se forger une carapace.
Mais ce soir, elle se demandait s’il n’était pas temps de changer de stratégie, s’il elle ne ferait pas mieux de faire comme tous ces gosses de riches perturbés qui ne demandent qu’à être aimés : se faire remarquer, et pas des meilleures façons ! Ainsi donc Alicia se demandait s’il n’était pas temps de fumer son premier joint, de se battre, de ne plus jamais se taire, de fréquenter les mauvaises personnes, de souffrir. Elle pouvait aussi faire en sorte de se poser en victime, se faire agresser. Ses parents seraient obligés de s’occuper d’elle, non ?! La lycéenne en doutait, pourtant ce soir elle avait envie de sortir, de sortir de cette magnifique maison que nombre de ses amies lui envient, qui pour elle rime avec « malheur ». La seule chose qui lui plaisait ici, c’était les mondes qu’elle se créait grâce à ses écrits. Mais ce jeudi, elle n’avait pas la tête à écrire, elle avait envie de se prendre sa première cuite, de rencontrer d’autres personnes, d’évacuer toutes ces choses qui la faisaient souffrir, quitte à supporter une migraine le lendemain !
Un mercredi soir, elle aurait pu avoir des envies de suicide, un mardi de meurtre, et bien ce jeudi soir là, elle avait des envies de fête et de débauches !
Elle alla donc piquer une tenue dans la chambre de sa sœur. Elle opta pour robe courte dorée à bretelles avec un collant bleu marine opaque, des escarpins assortis à sa robe ainsi qu’une fourrure et une pochette complétant l’ensemble. Elle se regarda longuement dans le miroir : elle était différente, le jaune or ne lui allait pas si mal, et puis elle paraissait bien plus grande ce qui lui affinait la silhouette. Elle descendit donc les marches de sa maison, pour une fois, avec l’allure d’une star. Sans même avoir encore bu une seule goutte d’alcool, la jeune sentait déjà en elle quelque chose d’enivrant, lui donnant l’impression d’être invincible. Elle croisa ses parents qui restèrent bouche bée, ne reconnaissant pas leur fille ainée. Alicia savoura ce moment, se promettant de ne jamais l’oublier. Elle continua jusqu’au bout sa « métamorphose » en descendant les marches extérieures de la maison d’un air pressée et de jeune fille perdue, héla le premier taxi qu’elle vit, et monta telle une star. Elle appréciait certes ce moment mais ne comptait pas vivre ainsi tous les jours, trop superficiel pour elle !
Elle décida d’aller faire forte impression dans ce fameux Queens qu’elle connaissait presque par cœur grâce à Alice. Lorsqu’elle vit un panneau sur un bar indiquant une soirée karaoké, elle demanda au chauffeur de s’arrêter, lui laissa une belle somme d’argent et sortie du véhicule comme elle y était montée. Lorsqu’elle referma la portière et qu’elle commença à faire quelques pas, elle sentit tous les regards braqués sur elle, les hommes qui murmuraient, elle rigola intérieurement tout en se concentrant sur sa démarche pour ne pas tomber. Alors qu’elle allait pousser la porte du bar pour entrer, un homme se pressa de le faire pour elle. Alicia fut tout d’abord surprise mais se repris vite et fit un énorme sourire en guise de merci. Une fois entrée dans le bar, elle fit un rapide état des lieux, peu de gens l’intéressait, trois-quatre, pas plus. Elle se dirigea donc vers le bar où le plus charmant se trouvait, elle allait l’aborder quand elle se rendit compte que son visage lui était familier. Elle fit une pause, reprenant une bonne partie de sa raison, puis se rappela vite qu’elle était là pour s’amuser, pour se comporter comme une petite East Upper Sider qui ne demandait qu’à se bourrer la gueule. Elle sortit donc une des phrases les plus basiques qui existe au monde.

On se connaît non ?